Découvrez le point de vue et les secrets de réussite d’une collaboration, dans une interview exclusive d’Éric CHOTEAU-LAURENT, président d’ACD.
Il partage ses réflexions sur son quotidien en tant qu’associé, les défis rencontrés, et les stratégies clés pour éviter les pièges courants et atteindre le succès collectif. Apprenez comment une communication transparente, une répartition efficace des responsabilités et une prise de décision participative peuvent être au cœur de la dynamique d’une association réussie.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours professionnel ?
Mon parcours professionnel a débuté tôt, en tant que technicien à l’âge de 19 ans, au sein de la société CADOR qui commercialisait des logiciels. Au fil des années, mes fonctions ont changé avec des postes à responsabilités. Jusqu’à concrétiser mon envie d’entreprendre, en rachetant l’entreprise où j’avais débuté 15 ans plus tôt, avec une dizaine de collaborateurs qui ont maintenant pris des fonctions de direction.
Cependant, ce n’était que le début d’une aventure bien plus grande. La rencontre avec les dirigeants de la société Azur Conception a été un moment clé, où j’ai senti une connexion profonde avec la vision et les valeurs de ses dirigeants. Investir dans cette entreprise et fusionner nos forces en 2009 a été une décision audacieuse, mais empreinte de passion et de conviction.
Nous étions alors une équipe de 80 personnes. Mais notre détermination et notre engagement nous ont permis de surmonter les obstacles. Plusieurs années plus tard, voir notre équipe s’épanouir et grandir, pour compter aujourd’hui près de 300 collaborateurs, est une source de satisfaction et de fierté pour nous tous.
Comme chaque société, le chemin parcouru a été jonché de défis, avec ses moments difficiles et ses adaptations constantes indispensables pour traverser le temps et soutenir la croissance. Mais c’est grâce à cette volonté de partager et d’unifier nos forces que nous avons réussi à traverser les épreuves. Chaque étape de ce voyage a été marquée par un engagement envers notre vision commune.
Avec combien de personnes êtes-vous associé ?
Je suis associé à 11 personnes, comprenant également un partenaire bancaire.
Quels sont les « critères » importants pour une bonne association ?
Chacun, en fonction de ses envies et sensibilités, y trouvera les critères qui lui conviendront le mieux. Mais il semble indispensable de partager une vision collective, des valeurs communes et une direction unifiée. Tout en reconnaissant et valorisant nos différences pour enrichir notre complémentarité. Cette approche collaborative a démontré son efficacité au fil du temps. Comme en témoigne ma coopération avec certains membres depuis plus de 30 ans.
Quelle est la principale qualité ou compétence que vous estimez essentielle chez un.e associé.e ?
Au-delà de me supporter, il faut avant tout une grande capacité d’adaptation, de compréhension et d’écoute, malgré des caractères forts, pour trouver le bon équilibre. C’est la capacité à s’ajuster aux différentes situations et à évoluer avec agilité qui permet de naviguer avec succès dans un monde complexe et en constante évolution. En effet, être capable de s’adapter aux changements rapides du marché, aux demandes des clients et aux évolutions internes est crucial pour assurer la pérennité et la croissance de l’entreprise.
Comment avez-vous abordé la question de la répartition des responsabilités et des tâches au sein de l’association, pour assurer une collaboration fluide ?
Chaque membre de notre équipe occupe un rôle spécifique et assume ses responsabilités au sein de l’entreprise. Nous sommes en perpétuelle adaptation face à l’évolution permanente de notre environnement sociétal. Les responsabilités et les tâches sont sujettes à des évolutions continues. S’ajustant aux besoins changeants de notre entreprise, afin de garantir une efficacité optimale.
Quels ont été les défis les plus importants que vous avez rencontrés en tant qu’associés, et comment les avez-vous surmontés ?
Les obstacles significatifs auxquels nous avons fait face en tant qu’associés étaient et resteront du domaine de l’adaptation à l’humain. Et ce, quel que soit le niveau de hiérarchie. Nous avons subi un choc de culture lors de la fusion, il y a 20 ans, des structures Tourangelles et Aixoises. Cette période a nécessité une ouverture à de nouveaux visages, ainsi qu’une acceptation et une compréhension mutuelles. Nous avons dû nous adapter à de nouveaux contextes et environnements. Le maintien d’un dialogue constant était impératif pour établir un équilibre harmonieux. De plus, le développement d’une confiance réciproque a été essentiel, nécessitant du temps et des efforts pour apprendre à nous connaître les uns les autres.
Ces défis restent d’actualités avec les changements de génération. A la reprise de la société, j’étais un jeune qui devait parler au vieux. Je suis maintenant le vieux qui doit parler aux jeunes. Ce choc des cultures est également très enrichissant sur tous les plans. Pour mieux comprendre l’évolution de la société et s’adapter au mieux sans perdre nos valeurs.
Quelles sont les erreurs courantes à éviter lors d’une association, selon votre expérience ?
Il est crucial de se rappeler que l’association est avant tout une union. Et il est donc une erreur de se précipiter dans les prises de décision. De plus, respecter les limites individuelles des membres de l’équipe et l’intégrité des associés paraît indispensable. Ces principes fondamentaux doivent guider notre approche de la gestion d’entreprise. Le respect entre les associés est essentiel pour cultiver des relations de travail saines et durables au sein de l’association.
En ce qui concerne les pactes d’associés, je considère ces accords comme des engagements sacrés. Ils définissent les droits, les responsabilités et les attentes mutuelles au sein de l’association. Le respect de ces pactes contribue à instaurer une confiance pérenne entre les associés, renforçant ainsi la stabilité de l’entreprise.
Existe-t-il des clauses particulières dans votre accord d’association que vous recommanderiez particulièrement de considérer ou de négocier attentivement ?
Il existe plusieurs sortes de clauses particulières que je pourrais recommander de considérer, en fonction des besoins spécifiques de chaque associé et des objectifs du cabinet.
Toutefois, chaque société est différente, car chaque associé aura sa personnalité, ses craintes et ses envies. Le plus important : c’est dans l’échange clair et sans non-dit avec l’ensemble des acteurs que vous réussirez à trouver les meilleures formules qui conviendront à votre situation.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune expert-comptable envisageant de s’associer pour la création de son cabinet ?
Si un jeune expert-comptable envisage de créer son cabinet avec un ou plusieurs associés, voici quelques conseils que je lui donnerais :
Premièrement, établir une vision commune pour le cabinet. Y compris les objectifs à long terme, les valeurs fondamentales et la stratégie de croissance. Assurez-vous que votre futur associé partage vos aspirations et votre engagement envers le succès du cabinet.
Choisir des associés possédant des compétences et des expériences complémentaires aux vôtres. Cela permettra de créer une équipe diversifiée et polyvalente, capable de répondre à un large éventail de besoins clients. Mais attention, il faudra comprendre et accepter ses différences et réciproquement.
Vous pouvez également faire de la communication une priorité absolue au sein du cabinet. Encouragez le partage d’informations, les discussions régulières sur les objectifs et les projets. Et maintenez des canaux de communication ouverts entre tous les associés.
La création et la croissance d’un cabinet d’expertise comptable peuvent prendre du temps et nécessiter des ajustements en cours de route. D’où l’importance d’être flexible. Soyez prêts à faire preuve de patience et de persévérance. Et à vous adapter aux défis et aux opportunités qui se présentent.
En travaillant en étroite collaboration avec vos associés, vous pouvez créer un cabinet d’expertise comptable prospère et durable. Un cabinet capable de fournir des services de qualité supérieure à vos clients. Tout en réalisant vos objectifs professionnels et personnels.
Un dernier mot pour accompagner nos adhérents ?
Beaucoup considèrent que pour une bonne association, il faut avoir un nombre d’associés avec un nombre impair sans qu’il soit supérieur à 2.
Je réfute cette vision. L’association est une étape autant utile que merveilleuse dans la vie d’une entreprise et de ses dirigeants. Dans la croissance d’une société, la route est longue et semée d’embuches. Et nous sommes toujours plus forts à plusieurs pour affronter les nombreux défis du moment. Vos associés seront là pour vous aider à réfléchir, vous encourager, à vous soutenir dans des moments de doutes ou cruciaux.
Avec la bonne approche et les bonnes personnes à vos côtés, je suis convaincu que vos cabinets auront de beaux jours devant eux ! Je vous souhaite bonne chance dans vos aventures entrepreneuriales !
Éric CHOTEAU-LAURENT Président d’ACD et vice-Président Le Village Connecté